adaptation des champignons aux défenses des plantes

Comment les champignons phytopatogènes s’adaptent aux défenses des plantes ?

En réponse à la brassinine (un composé phytochimique produit par la plante lors d’infections), plusieurs voies de signalisation sont induites chez Alternaria brassicicola

Dans un contexte international qui vise à la réduction des intrants dans les pratiques agricoles, l’équipe Fungisem de l’unité IRHS à Angers décortique les mécanismes de pathogénie de champignons phytopathogènes dans le but de proposer et développer de nouvelles méthodes de protection des cultures contre les maladies cryptogamiques. Elle focalise en particulier ces travaux sur le champignon Alternaria brassicicola qui s’attaque aux plantes de la famille des Brassicacea.

Durant la colonisation de la plante hôte, ce champignon est exposé à divers composés de défense synthétisés par la plante et notamment à des composés antimicrobiens appelés phytoalexines. Les champignons nécrotrophes tels qu’A. brassicicola sont généralement capables de surmonter la toxicité des phytoalexines, ce qui les rend particulièrement redoutables. Pour comprendre comment ces champignons s’adaptent à ce type de défense végétale, les réponses d’A. brassicicola ont été étudiées lorsqu’il est confronté à la brassinine, une phytoalexine fréquemment produite par des Brassicacées cultivées.

Cette étude apporte des éléments sur le mode d’action de la brassinine qui affecterait en priorité le fonctionnement des mitochondries. Des atteintes plus tardives touchent l’homéostasie des lipides et du reticulum endoplasmique. En conséquence, le mycète se protège contre ce type d’atteintes en particulier via l’activation de voies de signalisation, telles que la voie de l’osmorégulation, la voie de l’intégrité cellulaire et la voie UPR (unfolded protein response).

Dans l’optique du développement d’une stratégie de lutte contre ces agents pathogènes nécrotrophes, il apparaît donc judicieux de cibler spécifiquement ces voies de signalisation pour fragiliser les boucliers de protection mis en place conte les défenses des plantes.

Partenaires : Cette étude a été menée par l’unité IRHS en collaboration avec l’unité Moltech Anjou de l’Université d’Angers et l’USAMV de Bucarest (Roumanie).

Financement : ce projet a été financé par la Région Pays de la Loire.

Publication associée : N'Guyen, G. Q., Raulo, R., Porquier, A., Iacomi, B., Pelletier, S., Renou, J. P., Bataillé-Simoneau, N., Campion, C., Hamon, B., Kwasiborski, A., Colou, J., Benamar, A., Hudhomme, P., Macherel, D., Simoneau, P., & Guillemette, T. (2021). Responses of the Necrotrophic Fungus Alternaria brassisicola to the Indolic Phytoalexin Brassinin. Frontiers in Plant Science, 11, 611643. https://doi.org/10.3389/fpls.2020.611643

Contact : Thomas Guillemette, unité IRHS