taches et déformations sur fruit et feuilles dues à la tavelure du pommier
Combiner des résistances basées sur des mécanismes différents

Combiner des résistances basées sur des mécanismes différents (pommier)

Les recherches sur la résistance des pommiers à la tavelure s’orientent vers la création de variétés combinant des résistances basées sur des mécanismes d’action différents.

Plusieurs mécanismes de résistance identifiés

Plusieurs QTL (1) de résistance à la tavelure (2) ont été déjà caractérisés par le passé et utilisés pour créer des variétés de pommiers résistantes : le QTL T1 d’une part, et d’autre part les deux QTL F11 et F17 qui fonctionnent en synergie. Les chercheurs ont montré dans le cadre du programme ARAMIS (3) que ces QTL auraient des mécanismes d’action différents. En effet, T1 agirait sur la reconnaissance du champignon et s’exercerait plutôt sur des souches spécialistes. Alors que le couple F11F17 contrôlerait des mécanismes de défense du pommier qui inhibent la multiplication du champignon et concernerait plutôt des souches généralistes. Ces deux types de résistances utilisées seules voient actuellement leur efficacité érodée dans les vergers non traités.

Combiner les mécanismes de résistance

« A partir de ces données, nous formulons l’hypothèse que la combinaison de ces deux types de QTL ayant des caractéristiques et des mécanismes d’action différents sera plus efficace pour freiner la dynamique évolutive du pathogène » explique Charles-Eric Durel, coordinateur du programme ARAMIS. Un modèle mathématique permettant de simuler l’effet inhibiteur de différentes combinaisons de QTL sur les populations de pathogènes a montré la pertinence de cette approche : pour une meilleure durabilité de la résistance, il est nécessaire d’associer des QTL ayant des modes d’action différents, les uns contrôlant la capacité de colonisation du pathogène, les autres contrôlant sa multiplication.

Les expérimentations en cours devraient permettre de vérifier cette hypothèse sur le terrain d’ici fin 2015, en mesurant la réponse adaptative de souches de tavelure prélevées sur des pommiers contenant T1, F11 et F7 et en précisant les voies métaboliques différentiellement activées chez la plante par ces deux types de QTL.

« Ces résultats fourniront un point de départ pour la sélection de variétés résistantes, mais il faudra prendre aussi en compte des critères de production, pour éviter d’éventuels antagonismes entre résistance et productivité », conclut Charles-Eric Durel.

(1) QTL (locus de caractère quantitatif) : région du génome dont le polymorphisme explique une part significative de la variabilité d’un caractère mesuré.

(2) La tavelure est due à un champignon ascomycète Venturia inaequalis. C’est la maladie la plus importante économiquement sur le pommier, nécessitant 15 à 20 traitements par an sur les variétés sensibles.

(3) ARAMIS : Apple partial Resistance durability Assessed through Metabolic pathways and pathogen adaptation to Selective pressures.